ECHOS DES STADES COUPE LOUIS DAVID : TEMPETE DANS UN VERRE D’EAU
Publié le 26 juin 2022 par Saad ABID ALI HAYDARI
Le 11 Juin 2022 à Montmorillon, Poitiers 3 Cités a mis dans son escarcelle une troisième fois la Coupe du District aujourd’hui dénommée Coupe Louis David, en gagnant contre Valdivienne par 4 buts à 0. Auparavant, nos jeunes garçons et filles avaient livré des Finales : U13 (féminines et masculins) en finale départementale FestiFoot à Neuville, une équipe U13 masculine en finale Challenge Dansac et les U15 masculins en finale du Challenge de leur catégorie le 4 Juin à Montamisé. Toutes ces finales, même perdues, annonçaient les couleurs. Au pôle féminin, les seniors ont raté d’un cheveu le passage aux barrages pour l’accession en division 2 nationale. Des résultats non négligeables pour le club, en tenant compte de multiples difficultés connues pendant la saison. On retiendra surtout que le club a gagné la coupe Louis David et que les joueurs, leur staff et leurs supporters ont été interdits de la joie de gagner, par une décision inique des instances du District de la Vienne. Sous le prétexte fallacieux des incidents survenus en fin de rencontre, on a mis en épingle cette affaire qui n’est rien d’autre qu’une tempête dans un verre d’eau.
Pour cette finale, Poitiers 3 Cités a aligné l’équipe suivante : gardien (Sourakhata Dembelé), défenseurs (Saindou Inzouddine, Ibrahima Souaré, Donald Sahui, Assane Sow), milieu de terrain (Kerfalla Camara, Cyril Mériguet, Roland Kabongo), attaquants (Abdoulaye Camara, Starkie Andélie, Joseph Mangangou), remplaçants (Jean Baptiste Kaptue, Aboulaye Diaby, Erick Mpambi, Gaby Ngadou, Aloïs Coutant).
Des supporters poitevins sont venus en masse au stade Jean Ranger de Montmorillon, vêtus de leurs tee-shirts aux couleurs du club. Les supporters de Valdivienne étaient plus en nombre, bien colorés. Des «chambrages» réciproques comme habituellement entre supporters ont eu lieu avant l’entrée au stade. Les supporters poitevins ont été perchés à la tribune officielle ; tandis que les Valdiviennois ont occupé la tribune sur le talus en face. D’autres finales ont eu lieu avant celle de la plus prestigieuse Coupe du District. Après le protocole officiel d’avant-match et les échanges de fanions, les hostilités ont commencé.
D’entrée de jeu, Poitiers 3 Cités a pris Valdivienne à la gorge. A la 2è minute, un corner a été accordé aux Poitevins, tiré par Abdoulaye Camara. Le ballon fouetté de la tête d’Ibra Souaré a essuyé le montant du but valdiviennois. La minute d’après, Roland Kabongo récupérant le ballon l’a astucieusement diligenté vers Joseph Mangangou. Celui-ci a effacé les deux derniers défenseurs et a abusé du portier adverse sorti, d’un lobe piqué. Le ballon est allé se mourir au fond des filets, et Jo Mangangou a ainsi marqué le premier but poitevin. Les supporters poitevins ont exulté dans la tribune d’honneur ; la clameur a envahi le ciel montmorillonnais. Poitiers 3 Cités a continué de dérouler son jeu, avide d’en rajouter. A la 8è minute, Kerfalla Camara a fait de la mystification entre des jambes validiviennoises, avant d’ajuster un tir dont le portier adverse a constaté les dégâts. Il a enfoncé le clou et marqué le 2è but poitevin. Ce même Camara Kerfalla trop enthousiaste et excité a écopé d’un carton jaune plus tard à la 18è minute. Il s’est calmé et a momentanément amoindri ses ardeurs. Surtout qu’il a été chahuté du côté de la tribune de Valdivienne.
Le match s’est de plus en plus enflammé ; les supporters des deux camps ont fait entendre leurs voix, comme «guerre» des tribunes. A la 35è minute, Zaza Sahui et Cyril Mériguet sont sortis, laissant entrer Jean Baptiste Kaptue alias JB et le jeune Aboulaye Diaby. De cette façon en défense, Boli Inzouddine a pris une position axiale ; tandis que les deux entrants ont occupé des positions excentrées. Ils ont fait du bien à la défense, surtout le jeune Aboulaye Diaby un «titi du quartier» entrant alors à la cour des grands. Valdivienne a longtemps couru derrière le score, sans parvenir à marquer un but pouvant réconforter les joueurs et supporters. La mi-temps est intervenue au score de 2 buts à 0 pour Poitiers 3 Cités.
Dans le vestiaire, le coach Kabongo a relevé les faiblesses et les points positifs de son équipe. Il les a cependant mis en garde contre un triomphalisme avant l’heure et un enthousiasme démesuré. Car Valdivienne n’avait pas encore dit son dernier mot, aidé par son public chauffé à blanc et le soutenant à bloc. On ne saurait savoir ce qu’a dit le coach de Valdivienne à ses joueurs. On suppose lui aussi des encouragements et non de l’engueulade. Lorsque le match a repris, les Poitevins assurés de leur avance ont semblé «zen». Pourtant, Valdivienne a multiplié quelques attaques sporadiques, sans vraiment inquiéter Dembélé le portier poitevin attentif aux tirs désespérés de Valdivienne.
Poitiers 3 Cités a profité des temps faibles de Valdivienne pour en faire une force d’attaque. Joseph Mangangou euphorique a repris son festival ; il aurait pu aggraver le score à la 47è minute s’il n’avait pas été maladroit. Peu de temps à la 50è minute, Poitiers 3 Cités a obtenu un penalty pour une faute sur Abdoulaye Camara. Celui-ci a voulu se faire justice, mais il a piteusement raté. Plutôt, c’est Dupont le gardien adverse dans la trajectoire qui a été vigilant en captant le ballon mollement tiré. La minute d’après, Andélie Starkie alias Machine a débordé côté droit et a glissé dans la défense valdiviennoise comme dans du beurre, avant de crucifier le portier d’en-face. Il a inscrit le 3è but poitevin, salué par un public poitevin aux anges et fier de son équipe. A la 51è minute, Kerfalla Camara est sorti ; et Cyril Mériguet l’autre «titi» du quartier est de nouveau entré.
L’intensité du match n’a pas baissé d’un cran. Les occasions n’ont pas manqué de part et d’autre. Encouragés par leurs supporters, les joueurs de Valdivienne ont même mis à rude épreuve la défense poitevine. Pourtant volontaristes, ils n’ont pu rien faire face à un libéro nommé Assane Sow, du reste au comportement bizarrement inhabituel. Car il n’a pas trop parlé, ni pesté, de peur d’écoper un carton blanc. Il a d’ailleurs joué tout à son aise, aidé par ses camarades de la défense, dont les jeunes Aboulaye Diaby et Ibrahima Souaré. Quant au portier poitevin Dembélé, il a été un rempart infranchissable face aux assauts valdiviennois. Un double changement a eu lieu dans le camp poitevin à la 62è minute : sortie de Starkie Machine et Abdoulaye Camara ayant tous deux fait trop d’efforts, entrée de Zaza Sahui et Erick Mpambi dit «Cavani». Ce dernier n’a pas fait long feu, car il est sorti à la 67è minute sur blessure et a été remplacé par Starkie Machine. On a alors revu ce «Machine» sur la pelouse, véritable épouvantail des défenseurs valdiviennois. Pendant longtemps, on n’a cru voir qu’une seule équipe sur la pelouse du stade Jean Ranger. Les supporters de Valdivienne ont momentanément amoindri leurs encouragements. L’animateur sono a mis bas son mégaphone, espérant à un but de son camp pour de nouveau haranguer la foule. Mais le but n’est pas venu.
Lorsqu’à la 77è minute Joseph Mangangou a marqué le 4è but de Poitiers 3 Cités, son doublé, et a fait de nouveau parler de lui, le délire a été total dans la tribune d’honneur. Les supporters poitevins ont entonné le fameux «Et un, et deux, et Trois Cités» que sait déjà chanter une ou un U6 de l’école de foot. Le silence et la consternation ont gagné les supporters de Valdivienne. En même temps, l’agacement des officiels a été manifeste, tentant d’empêcher les joueurs poitevins de célébrer le but par leur danse légendaire en mode «Ekoti» (c’est dedans). Ce but est parti d’une percée de Cyril Mériguet, résistant à la charge des défenseurs adverses, abusant d’eux, avant d’armer un tir. Le ballon relâché par Dupont le portier de Valdivienne a été repris par Mangangou qui l’a expédié au fond des filets. Jo Mangangou a toujours été opportuniste, alerte et amicalement qualifié de «voleur de but» (moyibi). Ce but a sans nul doute sonné le glas d’une victoire proche pour les Poitevins. Car à ce moment du match, il a été difficile que Valdivienne revienne au score. Il a fallu aussi tenir compte de la fatigue et de la baisse du mental.
A la 82è minute, le coach Simon Faye a sorti Roland Kabongo et Cyril Mériguet, pour remettre en jeu les frères Camara (Kerfalla et Abdoulaye). Les officiels (délégué et arbitre de réserve) par un excès de zèle, ont retardé de quelques minutes leur entrée. Il ne reste pas moins vrai que Kerfalla et Abdoulaye, tels les frères «Dupont» du célèbre Tintin, ont pesé sur les dernières minutes de la rencontre. Kerfalla Camara a tenu avec sagesse son carré de défense ; tandis que son frère Abdoulaye Camara a pilonné la défense adverse, toutefois sans parvenir à marquer son but. Inexorablement, impitoyablement, les minutes ont défilé au tableau d’affichage du stade Jean Ranger. Le compteur en buts est resté bloqué à 0-4. Au dernier coup de sifflet final d’un arbitre ayant bien officié le match, Poitiers 3 Cités a été sacré vainqueur de la Coupe Louis David. Obligatoirement, l’euphorie a été poitevine et la déception bien sûr valdiviennoise. Valdivienne n’a pas gagné, mais pour parcours en cette coupe l’équipe a eu les félicitations des Poitevins.
De ce match, le score aurait pu être plus salé si les Poitevins n’avaient pas été par moments maladroits, et surtout si le gardien valdiviennois tel un libéro n’avait pas sauvé son camp par ses sorties spectaculaires. Les joueurs, dirigeants et supporters des deux équipes ont été dignes et d’une exemplarité sans faille. Ceux restés sur le terrain de jeu se sont même congratulés à la fin. Le flou est venu lorsque de jeunes supporters de Poitiers 3 Cités à la vitesse de la lumière, sont allés «chambrer» le camp adverse, comme réponse aux «chambrages» d’avant-match. Des escarmouches de quelques minutes vite maîtrisées ont eu lieu. Mais de là à ne pas récompenser les finalistes de leur parcours respectifs dans cette prestigieuse coupe restera inédit dans l’histoire du foot au District de la Vienne.
Poitiers 3 Cités a regagné son quartier sans Trophée, sans tambours ni trompettes, avec le sentiment de s’être fait rouler dans la farine. Sur le fond, on ne doit pas se cacher derrière le petit doigt, qu’un climat de xénophobie a toujours régné envers les clubs de quartier, dont Poitiers 3 Cités. Ils souffrent d’un déni que les autorités du football dans notre District se voilent les yeux. On ne doit pas non plus oublier que le football n’est pas en reste du débat politique en cours dans la société. Simplement, l’histoire retiendra que Poitiers 3 Cités a nettement gagné cette Coupe Louis David. Et après coup, tous les propos contre le club de Poitiers 3 Cités ne sont qu’une tempête dans un verre d’eau. Si ce n’est un complot ourdi pour le gommer du championnat, voire le faire disparaître. Ce serait un comble pour ce club de plus de 50 ans d’histoire, ayant fourni d’innombrables joueuses et joueurs dispersés aux quatre coins du département. On ne devra pas non plus oublier cette évidence : «ce sont les petits ruisseaux qui font les grandes rivières».
21 Juin 2022
Gaspard NTSIKA